Dans mon enfance, je ne me masturbais pas. La sexualité était pour moi, réservée à la reproduction. Du plaisir avec mon corps, j’en avais, oui…avec la nourriture ! C’était hélas mon seul espace de sensualité et j’ai pris l’habitude de trouver refuge dans la nourriture.
Vers l’âge de 11 ans, je ne me touchais pas mais je caressais mes poupées Barbie. Je ne savais pas ce qui m’arrivait mais parfois j’avais des pulsions tellement fortes que je m’enfermais dans les toilettes pour ne pas être dérangée et je faisait « faire l’amour » à mes poupées. En fait je les frottais l’une contre l’autre. Je reproduisais ce que j’avais vu  faire dans les films, sans soupçonner ce qui se passait exactement à cet endroit. Une fois la tension déchargée, je retournais dans ma chambre honteuse. Je me sentais sale.
Vers l’âge de 16-17 ans j’ai enfin eu ma chambre à moi car ma sœur est partie en pension. Là, j’ai pu commencer à explorer mon corps, mais c’était toujours avec un sentiment de culpabilité. J’étais allée au catéchisme et mes comportements nocturnes me semblaient bien loin de l’image de pureté dégagée par la sainte vierge ! Ajouté à cela, je sentais le regard désapprobateur de ma mère envers les filles « facile », les filles trop maquillées, celles qui remuent trop des fesses quand elles marchent. J’avais peur de déplaire à mes parents alors j’ai tout fait pour coller à l’image de petite fille pure qu’ils attendaient de moi.

A l’âge adulte, je me suis mise à me masturber de temps en temps, mais toujours dans la honte et la culpabilité. Je ne le faisais que quand la tension était trop forte et que je ne pouvais plus lutter. Je n’avais pas d’orgasme car je m’arrêtais toujours juste avant de jouir, la sensation de perte de contrôle me faisait très peur et j’étais persuadée que le plaisir sexuel n’était pas pour moi.
Puis j’ai découvert le mouvement raëlien et l’enseignement de Raël. Je peux dire que je me suis enfin épanouie. Tout à coup j’ai réalisé que j’avais le droit d’être moi-même, que le sexe était une bonne chose et que ressentir de l’excitation ne faisait pas de moi une pute. Avec un partenaire raëlien j’ai exploré la masturbation plus en profondeur. Il a été à mon écoute et un jour il m’a masturbée jusqu’à ce que je jouisse. J’avais 22 ans et je découvrais que moi aussi j’avais le droit d’avoir du plaisir.

Depuis, je pratique la masturbation à chaque fois que j’en ai envie, que je sois célibataire ou en couple. C’est un rendez-vous que j’ai avec moi-même. Parfois remontent des restes de culpabilité, car ma culture judéo-chrétienne est tenace, mais je continue. Chaque masturbation chaque orgasme est une victoire sur mon « éducastration ». J’aime également parfois me masturber pendant que mon partenaire allongé à mes côtés se masturbe aussi, c’est un partage particulier de notre intimité. Et si lorsque je fais l’amour avec un homme je jouis c’est également grâce à mes caresses, car j’aime me caresser le clitoris pendant la pénétration. La masturbation c’est un moyen extraordinaire de s’occuper de soi, de se porter de l’attention et de se donner de la tendresse.